„Ce qu’on vous chuchote aux oreilles, professez le publiquement” – comment les Feuilles Ecclésiastiques et Scolaires Protestantes ont vu le rôle de la presse, 1867–1890

Résumé

Dans la présente étude, nous nous proposons d’étudier comment les Feuilles Protestantes (parues à Budapest) ont jugé des rapports qui existent entre le protestantisme et la sphère publique dans la première période du système dualiste, entre 1867 et 1890. Les auteurs qui publient dans l’organe en question, représentant la théologie libérale, ont porté le drapeau du libéralisme, dans l’espoir que la liberté de presse allait contribuer au progrès global de la société et à la réussite des églises protestantes. Or, cette attitude optimiste fut nuancée dès le début par des préoccupations pratiques : certains y ont objecté que les polémiques parfois acerbes qui se déroulent dans la presse pourraient
ébranler la paix sociale et l’autorité cléricale. Cet ’antijournalisme’ s’est spectaculairement renforcé à partir de la fin des années 1870. L’élite intellectuelle n’a pas pu avaler que la presse cléricale en formation s’est avérée peu capable d’atteindre les foules ou les intellectuels. Les conquêtes du mouvement de mission intérieure et les succès du catholicisme politique ont amené les décideurs protestants à travailler sur la création des organes de presse compétitifs et sur le développement d’une littérature pieuse de masse.